Karen Lavot−Bouscarle

Prendre le temps

2013




Prends ton temps, pas le temps, valse à trois temps, sous le temps,
de temps en temps, compter le temps, au fil du temps,
un autre temps, avec le temps, entre-temps, le cours du temps,
en dehors du temps…

Prendre son temps, pour que le regard ne fasse pas que glisser
sur une surface, trop vite, à peine posé et déjà ailleurs,
mais que la pensée et l’imagination puissent s’approprier ce qui est offert discrètement aux yeux, tels les chemins sinueux et hasardeux des découvreurs.

Que tout ne soit pas donné dans un seul temps, pour laisser le temps de l’émotion.




Car un laque décoré à la poudre d’or n’est pas fait pour être embrassé
d’un seul coup d’œil dans un endroit illuminé, mais pour être deviné
dans un lieu obscur, dans une lueur diffuse qui, par instants, en révèle
l’un ou l’autre détail, de telle sorte que, la majeure partie de son décor
somptueux constamment caché dans l’ombre, il suscite des
résonances inexprimables1.







1– Junichiro Tanizaki, Éloge de l’ombre, quatrième de couverture, Verdier, 2011.